Les ruines sont situées au fond d'un vallon profond et boisé, la pointe extrême de la retenue de la Sioule, au sud des Ancizes, sur la Commune de Chapdes-Beaufort.
Saint Bruno et ses compagnons les chartreux ont œuvré sur notre territoire du XIII ème au XVIII ème siècle sans interruption. Bruno est né vers 1030 à Cologne, dans l’actuelle Allemagne. S’installant à Reims, il y enseigne les sciences, les lettres et les écritures.
Il aura notamment comme élève le futur pape Urbain II, qui prêcha la première croisade à Clermont-Fd, et dont la statue orne la place de la cathédrale. Bruno aspire bientôt à la vie monastique, et se retire, avec six compagnons, dans le massif montagneux de la Chartreuse près de Grenoble. Le couvent de la Grande chartreuse sera ainsi la première fondation de l’ordre, suivie de bien d’autres lieux, dont la chartreuse de Port-Sainte-Marie. Bruno appelé à Rome par le Pape Urbain II pour le conseiller, sur les réformes à entreprendre dans l’Eglise, se retire à nouveau dans la solitude, en Calabre, au sud de l’Italie, où il quittera notre monde en 1101.
C’est en 1219 que fut fondé, au lieu-dit « Confinal » par Guillaume et Raoul de Beaufort, un monastère selon la règle de Saint Bruno, sous la dénomination de chartreuse de Port-Sainte-Marie.
La légende prétend que la décision de cette fondation aurait eu pour origine une apparition de saint Bruno à Guillaume de Beaufort « lui commandant de fonder une chartreuse au lieu même où il se trouvait ». Le nouveau monastère rayonnera alors sur toute la région des bords de Sioule et des Combrailles. Nobles et autres familles importantes le combleront de dons et de largesses et son influence s’étendra sur de nombreux territoires : domaines sur Chapdes, étangs à Comps, Saint-Georges-De-Mons, Saint-Gervais, vignes à Prompsat près de Riom où existe encore en bon état la résidence d’été des chartreux, avec ses chais, propriété actuelle des descendants de l’ancien homme politique Etienne Clémentel.
Au cours des siècles, la chartreuse eut à souffrir des remous du temps : conflits armés dont les guerres de religion qui détruisirent en 1590 une partie des bâtiments après les avoir pillés. Des incendies ravagèrent aussi le monastère, dont le plus important fut celui du 10 juin 1700, miraculeusement conjuré grâce à l’intercession de saint Amable.
En 1729, le couvent comprenait 20 religieux, 8 frères et 30 domestiques. Hélas, la Révolution devait sonner la mort du monastère. Le Prieur d’alors, Dom Gerle, nommé à Riom comme représentant du clergé aux Etats Généraux, abandonnera la vie religieuse et se perdra dans le tumulte de la vie politique à Paris.
L’Assemblée nationale, par décret du 17 août 1792 décida que toutes les maisons religieuses devaient être évacuées le 1er octobre de la même année. Les chartreux resteront « à leur poste d’honneur » jusqu’au dernier jour. Le dimanche 1er octobre, ils chanteront la messe pour la dernière fois. Comme à l’ordinaire, les paysans des environs étaient venus l’entendre. L’un des vénérables pères prit la parole et fit de touchants adieux. Les chartreux quittaient leur « désert » après 573 ans de présence.
Le monastère fut vendu en 1795 et en grande partie détruit, les acquéreurs récupérant les matériaux les plus nobles et laissant derrière eux des ruines informes. Quant au mobilier, les amateurs de piste au trésor peuvent partir à sa recherche, de nombreux éléments ayant été recueillis dans les églises de la région : Châtel Guyon, Comps, Manzat, Mazayes, Miremont, Pontgibaud. A noter aussi à Aigueperse la présence de l’horloge de la chartreuse, dans le campanile de l’Hôtel de Ville.
Depuis 1974, l’Association des amis de la chartreuse de Port-Sainte-Marie, par des chantiers ouverts chaque été, s’est donné pour but de sauvegarder les vestiges du monastère.
Le site est en accès libre.
http://perso.orange.fr/chartreuse.psm/
Publié le Samedi 20 Novembre 2010 à 22:40:04